Absence de train, explosion du prix des billets, bilan énergétique mitigé, accusation de publicité trompeuse… La SNCF en pleine tourmente

Alors que les grèves menées par un collectif informel de chefs de bords organisé sur Facebook déstabilisent toute l’industrie ferroviaire, seuls deux trains sur trois étaient sur les rails ce vendredi, et deux trains sur cinq rouleront ce Week-end de Noël.

Une mauvaise publicité pour la société qui paye déjà les pots cassés d’une mise en demeure le 5 décembre dernier, pour un communiqué inexact dans lequel la SNCF se targuait d’être « 80 fois » moins polluante que l’avion.

La SNCF condamnée pour publicité trompeuse

« Voyager en Train à grande vitesse, c’est 50 fois moins de CO2 émis que pour un voyage en voiture et 80 fois moins qu’en avion ! » ? Cette phrase d’accroche d’une publicité SNCF, qui avait pour but de mettre à mal le mode aérien sur le terrain des émissions de CO2, vient d’être condamnée par le Jury de Déontologie Publicitaire (JDP), saisi par la fédération nationale de l’aviation et de ses métiers (FNAM).

« Les chiffres figurant dans les publicités de la SNCF ne reflètent pas la réalité des performances respectives du train et de l’avion en matière d’émission de CO2 » argumente-t-elle.

Le jury a invoqué un manque de précisions, et notamment la non prise en compte de « l’incidence de la construction et de la maintenance des infrastructures et, ainsi, qu’elle occulte une partie de l’empreinte carbone imputable au recours aux moyens de transport de voyageurs ».

Les rames, les rails, l’entretien des infrastructures ont donc été occultées des calculs.

Le Jury a également estimé que cette publicité « n’indiquait pas que le chiffre de 80 fois moins correspondait à un chiffre moyen » sur l’ensemble des trajets longue distance en France.

En outre, le JDP relève que les sources de cette information sont inscrites en trop petits caractères, presque illisibles.

Des trains rares, et trop chers

Déjà perturbé ce vendredi, le trafic devrait être encore plus restreint ce week-end sur les lignes à grande vitesse. La SNCF assure que les voyageurs lésés seront remboursés à hauteur de 200 % en bons d’achat.

« C’est l’alternative la plus écologique pour voyager, mais les prix sont ahurissants », déplore une usagère découragée. « L’aller-retour en avion m’a coûté moins cher (140 €) que le simple aller pour Nice », déplore-t-elle.

La FNAUT et le comité régional du tourisme, dans un courrier du 7 juillet adressé au directeur général de la SNCF, soulignaient « une offre TGV qui n’a de cesse de réduire », des trains saturés dès le jeudi, et jusqu’au lundi, un choix d’horaires très contraint, et des prix ayant fortement augmenté, notamment les tarifs flexibles ».

Entre avril 2021 et avril 2022, le prix des billets affichait une hausse de 14, 6%, selon l’INSEE. 

L’annonce par la SNCF d’une nouvelle hausse du prix des billets de 5% en moyenne à partir du 10 janvier ne laisse rien présager de bon pour 2023, en pleine crise énergétique.

Le train, pas si écologique ?

Olivier Menuet – président de SNCF Énergies – détaille la consommation énergétique de la SNCF :

« Chaque année, la facture s’élève à 1,2 milliard d’euros. C’est le premier poste de dépenses externes à l’entreprise. Et cela émet quasiment 3 millions de tonnes de CO2 équivalent ».

Même s’il n’est plus à prouver que le train émet 30 à 50 fois moins de CO2 que l’avion, ce calcul tend à omettre la prise en compte des émissions de CO2 liées aux infrastructures assurant la maintenance et l’exploitation du réseau ferroviaire.

En outre, le premier bilan Carbone d’une LGV (pour les 140 km de la branche Est de la ligne Rhin-Rhône, qui relie Dijon à Belfort) est  accablant pour les défenseurs du réseau ferroviaire : l’entretien des infrastructures telles que le déboisement, le terrassement, les véhicules de transport de matériaux et de personnel, les rames, les gares et autres bâtiments, la signalisation, etc ont un coût énergétique qui va largement au-delà des chiffres donnés par les défenseurs de ce mode de transport.

La pression des grèves

SNCF_GREVE

Depuis le mois de novembre, un collectif de contrôleurs regroupés sur Facebook mène la vie dure à la SNCF, qui peine à trouver un accord avec ces chefs de bord. 

Ces indépendants, hors syndicat, ont cependant trouvé appui sur eux pour déposer leur préavis, et obtenir gain de cause.

Un contrôleur sur deux se déclare en grève ce week-end, causant l’annulation d’un train sur trois ce vendredi, et de deux trains sur cinq ce Week-end de Noël, surtout des TGV.  L’axe Atlantique ou l’axe Nord feront partie des plus touchés, avec seulement un TGV sur deux. 

La direction a accepté d’augmenter la « prime de travail » des contrôleurs, (nommés usuellement chefs de bord), de 600 euros par an, et d’offrir une indemnité supplémentaire de 600 euros bruts par an.

Des propositions jugées assez satisfaisantes pour que l’Unsa-Ferroviaire retire son préavis et que la CGT-Cheminots et SUD-rail n’appellent pas à arrêter le travail. 

Mais nombre de contrôleurs ne comptent pas en rester là.

La SNCF est dans une position critique, vis-à-vis de son personnel, du gouvernement, mais surtout de ses usagers, qui lui préfèrent de plus en plus souvent l’avion, plus rapide, étonnamment moins cher sur de nombreux trajets, et indiscutablement moins aléatoire.