Porsche vient de faire une entrée remarquable en Bourse : avec une récolte de 9.4 milliards d’euros en quelques heures, c’est le plus impressionnant démarrage boursier en Europe continentale depuis Enel en 1999 et Deutsche Telekom en 1996.
La marque a de quoi séduire : des actifs exceptionnels, des indicateurs financiers en forte croissance, une image mythique. Mais les analystes remarquent que ces actions ne donnent pas de droit de vote, et que leur succès est probablement dopé par la morosité des introductions en Bourse, en 2022.
En effet, après une belle année 2021, on constate depuis janvier une chute de 44% du nombre d’entreprises à s’introduire sur les marchés mondiaux. D’après le cabinet EY, ce nombre est même passé sous la barre symbolique des mille, avec 992 nouvelles capitalisations. Leur montant aussi a chuté, de 57% par rapport à l’année précédente, pour
atteindre les 146 milliards de dollars.
Pourquoi les entreprises rechignent-elles à la cotation ? Avec la guerre en Ukraine, une inflation mal maîtrisée, des taux directeurs volatils, les investisseurs ne sont pas rassurés. Aux États-Unis, les montants levés ont diminué de 94% en un an, à 7.3 milliards de dollars contre 117.5 en 2021. En Europe, c’est le Royaume-Uni qui subit un effondrement similaire : il ne totalise cette année que 7 opérations, pour un montant de 1.38 milliard de dollars.
En revanche, la moitié des dix plus grosses opérations se sont déroulées en Asie-Pacifique, zone plus éloignée des conflits, notamment grâce au sud-coréen LG Energy Solutions, et à China Mobile, évincé de Wall Street.
« Il faut que les conditions de marché se stabilisent et que les entreprises comme les investisseurs aient de la visibilité. Pour l’instant, tout est encore trop flou » commente un banquier d’affaires, en prévoyant une mauvaise année 2022, mais une possible reprise pour l’année 2023.