EN BREF
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Dans notre monde oĂą les enjeux environnementaux prennent une ampleur croissante, l’industrie du chocolat se trouve Ă un carrefour intriguant. Comment cette douceur tant prisĂ©e pourrait-elle devenir un acteur clĂ© dans la prĂ©servation de notre planète tout en continuant Ă Ă©veiller nos papilles ? Les producteurs, artisans et consommateurs commencent Ă explorer des pistes novatrices qui allient plaisir gustatif et respect de l’environnement. De l’utilisation de mĂ©thodes agricoles durables Ă des pratiques de commerce Ă©quitable, chaque bouchĂ©e de chocolat pourrait bientĂ´t s’accompagner de la promesse d’un avenir plus vert. Dans cette quĂŞte savoureuse, l’espoir se mĂŞle au chocolat, offrant ainsi une vision oĂą chacun de nous peut jouer un rĂ´le dans la sauvegarde de la Terre, tout en se dĂ©lectant de sa douceur emblĂ©matique.
Un chocolat sans sucre raffiné pour une douceur naturelle
Dans le domaine de l’innovation chocolatière, des chocolatiers de renom explorent des alternatives pour rĂ©duire l’empreinte carbone. Une des innovations majeures consiste Ă utiliser le jus de cacao pour sucrer le chocolat. Par exemple, Yvan Loubet, maĂ®tre-chocolatier Ă Genève, propose un chocolat sans gramme de sucre raffinĂ©, dont la douceur provient uniquement du jus de cacao.
Ce jus offre des notes inĂ©dites de fruits et d’aciditĂ©, et bien qu’il soit moins sucrant que le saccharose, il permet de redĂ©couvrir le chocolat avec des saveurs plus nuancĂ©es. Cette mĂ©thode non seulement Ă©vite l’utilisation de sucre raffinĂ©, mais maximise Ă©galement l’utilisation des ressources naturelles du fruit.
Valorisation des déchets : une approche durable
Une Ă©tape cruciale pour rendre l’industrie du chocolat plus durable passe par la rĂ©utilisation des dĂ©chets. Plus de 3000 petits cultivateurs au Ghana rĂ©coltent le jus de cacao, extrait de la pulpe habituellement jetĂ©e. En collaboration avec la startup zurichoise Koa, ce jus est ensuite pasteurisĂ© et expĂ©diĂ© vers l’Europe pour ĂŞtre utilisĂ© comme sucrant dans l’industrie chocolatĂ©e.
En achetant ce jus, non seulement les cultivateurs voient leurs revenus augmenter de 25%, mais cela encourage aussi une Ă©conomie circulaire. Les enfants des agriculteurs ont ainsi davantage de chances d’aller Ă l’école, crĂ©ant un cercle vertueux qui profite Ă toute la communautĂ©.
Utilisation innovante de l’endocarpe
Les chercheurs de l’ETH Zurich vont encore plus loin dans cette démarche en utilisant la poudre d’endocarpe, la partie interne du fruit du cacao. En la combinant avec le jus de cacao, ils créent une mixture riche en fibres, idéale pour sucrer naturellement le chocolat. Ainsi, chaque partie du fruit est valorisée, évitant un énorme gaspillage de ressources.
Selon Kim Mishra, chargĂ© de cours au dĂ©partement des sciences et technologies de la santĂ© de l’ETHZ, cette approche est Ă la fois Ă©conomiquement et Ă©cologiquement plus sensĂ©e, comparĂ©e Ă l’utilisation exclusive des fèves de cacao.
Chocolat sans cacao : une alternative en développement
Rendre le chocolat durable demande aussi d’explorer des options radicales. Certaines entreprises expĂ©rimentent des recettes de chocolat sans cacao. Elles utilisent des techniques de fermentation et de torrĂ©faction similaires Ă celles des fèves de cacao, mais appliquĂ©es Ă d’autres ingrĂ©dients tels que l’orge, la caroube, les graines de fĂ©veroles ou l’avoine.
Ces nouveaux types de chocolat prĂ©tendent offrir une saveur, une texture et une odeur proches du chocolat traditionnel, tout en Ă©tant plus respectueux de l’environnement. En parallèle, des chercheurs de l’UniversitĂ© d’Harvard travaillent sur des procĂ©dĂ©s pour convertir des gaz Ă effet de serre en matière grasse similaire au beurre de cacao par fermentation, crĂ©ant ainsi une alternative encore plus Ă©cologique.
Transformations nĂ©cessaires dans l’industrie
Le secteur du chocolat fait face à deux défis majeurs : la fluctuation des prix du cacao et son impact environnemental. Ces dernières années, le prix du cacao a augmenté de 160%, poussant les entreprises à rechercher des solutions durables.
L’impact environnemental de la production de chocolat, notamment en termes de consommation d’eau et de dĂ©forestation, est Ă©galement une prĂ©occupation croissante. Avec les nouvelles rĂ©gulations de l’Union europĂ©enne qui interdit l’importation de produits issus de la dĂ©forestation, les chocolatiers suisses doivent adapter leurs pratiques rapidement pour continuer Ă accĂ©der au marchĂ© europĂ©en, qui reprĂ©sente 40% de leurs exportations.