Chat-GPT va-t-il tuer Google ?

Avec cent millions d’utilisateurs actifs en janvier 2023, Chat-GPT est, de loin, l’application informatique avec la croissance la plus impressionnante de tout l’histoire d’internet. Sa moyenne de vingt visites par mois, et sa durée de rétention de l’ordre de sept minutes, concurrencent déjà les plus grands. 

En parallèle, Google a lancé en décembre son « code rouge », et annoncé le licenciement de douze  mille employés. Si ces décisions sont vues comme un retour à la normale, après l’hypercroissance du Covid, ses bénéfices titanesques et ses embauches à la pelle, une nette compétition entre Google et OpenAI, l’entreprise qui a développé Chat-GPT, se dessine. 

Sur le fonctionnement et les usages, le moteur de recherche Google et l’intelligence artificielle de génération de texte Chat-GPT se distinguent. Google référence, grâce au système de classification tenu secret PageRank, des sites, en fonction de leur pertinence et de leur fiabilité. Chat-GPT, à l’inverse, a été entraîné à retrouver des patterns, des motifs de similarité, dans d’immenses bases de données courant jusqu’à 2021, et à en reproduire la logique. Le système a été affiné par renforcement : la pertinence des réponses a été évaluée, d’abord par des humains, puis par des algorithmes. Lorsqu’on pose une question à Google, il répondra donc en proposant des sites externes, où se trouve probablement la réponse, classés selon leur adéquation et leur recommandation. Si on pose la même question à Chat-GPT, on obtiendra une seule réponse, non-sourcée, plus précise et développée, mais moins fiable et moins référencée. Ces fonctionnements font de Chat-GPT un excellent outil pour générer des idées et de l’inspiration, et de Google le maître encore incontesté de l’information, fidèle à son slogan « rendre l’information du monde accessible et utile ». En somme, si Google est un moteur de recherche, Chat-GPT est un moteur de réponses.

La guerre entre les mastodontes Google et OpenAI a en tous cas prouvé un intérêt certain du public pour les agents conversationnels. Pour assurer sa position, OpenAI a sorti récemment TextClassifier, afin de reconnaître les textes générés par IA, et ceux écrits par des humains, mais ses résultats sont encore peu probants. Google, de son côté, prépare la riposte : le groupe teste en interne ApprenticeBard, un chatbot en langage naturel entraîné sur LaMDA, le modèle de langage naturel de Google, et une solution pour générer de la musique à partir de texte. 

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Sophie Aknin