Recapitalisation d’EDF : 2,1 milliards d’euros alloués par l’État

Bruno Le Maire a tranché : l’État, qui en est actionnaire à 84 %, va venir à la rescousse du fleuron de l’électricité française.

Deux raisons principales, qui pèseront négativement à hauteur de 19 milliards sur ses résultats financiers, sont à la racine des difficultés actuelles d’EDF. D’une part, le niveau de production des installations nucléaires n’est pas au rendez-vous. Des problèmes de corrosion de réacteurs ont stoppé net les espoirs de voir se prolonger, en 2022, les bénéfices que cette technologie avait permis d’engranger l’année dernière.

D’autre part, une limitation de la hausse des prix du gaz a été décidée par le gouvernement pour atténuer l’explosion des factures d’électricité des Français.
Revers de la médaille : elle va aussi accentuer le déficit d’EDF.

Une remise à flot indispensable

Pour passer ce mauvais cap, EDF va augmenter son capital de 2,5 milliards d’euros, dont 2,1 milliards seront pris en charge par l’État. Et Bruno Le Maire enfonce le clou en soulignant que, face à ses difficultés techniques au niveau des réacteurs nucléaires, EDF a vu ses ventes d’électricité nucléaire fondre comme neige au soleil. Les revenus ont diminué et l’État doit être au rendez-vous pour apporter l’oxygène manquant.

Jean-Bernard Lévy, président-directeur général d’EDF, a confirmé que 2022 a marqué le début de difficultés que seul un « plan d’action » pourra faire voler en éclat.

Car il s’agit bien de se remettre en trajectoire pour satisfaire les annonces du président de la République concernant la relance du secteur nucléaire : construction de six réacteurs EPR et lancement d’études prospectives pour huit autres. Et seul un assainissement des comptes permettra de retrouver les conditions financières favorables. En creux le ministre espère plus de cette l’implication volontariste de l’État. En ligne de mire, motiver les investisseurs privés à passer à l’acte en injectant des liquidités chez EDF.

Frilosité des syndicats dans la tempête

Du côté des syndicats, on fait grise mine. Amélie Henri, secrétaire nationale de la CFE-UNSA, ne cache pas ses inquiétudes. Les investissements de l’État ne seraient pas à la hauteur des futures dépenses devant être engagées par EDF. Si Bercy prétend ne fermer aucune porte, cela ne rassure pas le CSE d’EDF qui voit dans ce plan d’action une simple bouée de sauvetage et non un véritable renflouement. En ligne de mire, l’obligation d’EDF de vendre à perte en bradant sa production auprès de la concurrence.

Les élus syndicaux réclament «une expertise économique » pour «mesurer les impacts sur les conditions d’exercice des missions d’EDF». Cette fusée de détresse sera-t-elle suffisante ?

Une dette abyssale en fin d’année dernière

43 milliards d’euros : c’est le montant de la dette nette d’EDF en fin 2021. Côté prévisions, le compte n’y est pas vraiment : la possibilité de verser des dividendes en actions en 2022 et 2023 ou la cession de 3 milliards d’euros entre 2022 et 2024 ne suffisent pas à masquer le manque de visibilité.

Le directeur financier du groupe, Xavier Girre, peine à rassurer en évoquant des incertitudes tenaces, que ce soit au niveau opérationnel ou sur la volatilité des prix du marché de l’énergie.Sans compter les investissements prévisionnels pour les 6 premiers réacteurs allant de 46 à 64 milliards d’euros pour tenir la promesse présidentielle d’une relance nucléaire. Historique, ses modalités de financement restent encore très nébuleuses.

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Arianne Ruest