De l’eau dans le gaz entre la France et l’Espagne

gazoduc_espagne_france

Un espoir énergétique européen contrarié

Depuis l’invasion de l’Ukraine, se trame un second conflit, à la fois plus global et plus durable : la guerre des énergies. L’Allemagne paye aujourd’hui les conséquences de son sous-investissement dans le transport maritime de gaz liquéfié. Privée de terminal permettant d’importer du gaz naturel, celle-ci est tributaire des gazoducs qui la relient aux autres parties du continent. Bien qu’elle ait déjà significativement diminué la part du gaz russe dans ses importations, son sevrage complet, prévu pour
2024, s’annonce épineux.

A l’heure où la possibilité de choisir son fournisseur sur toutes les mers est un gage d’indépendance crucial, un pays européen paye pourtant les conséquences d’une politique inverse à celle de l’Allemagne : l’Espagne. Ayant massivement investi dans l’importation maritime de gaz naturel, le pays se retrouve doté d’une infrastructure gazière sur-développée, fonctionnant à moins de 50% de sa capacité. Contrairement à l’Allemagne, ses approvisionnements sont diversifiés, grâce à la présence des
terminaux de gaz liquéfié et de gazoducs qui la relient à l’Afrique du Nord.

Cependant, alors que celle-ci rêve de devenir un hub énergétique à l’échelle européenne, un obstacle se dresse sur sa route : la France. Pour désenclaver la péninsule ibérique et acheminer par gazoducs son énergie excédentaire vers les pays dépendants, impossible de contourner le réseau de l’Hexagone. Or, celui-ci a été prévu bien davantage pour prolonger l’importation du gaz russe que pour exporter massivement de l’Espagne vers l’Allemagne.

Les Pyrénées constituent ainsi un goulot d’étranglement, les infrastructures françaises n’étant absolument pas dimensionnées pour un tel projet. Mais comment concilier les investissements colossaux nécessaires avec les objectifs de sortie des énergies fossiles ? Et à qui revient-il de supporter le coût d’un tel chantier ?

Le projet de gazoduc Midi-Catalogne (dit “MidCat”), lancé en 2003 puis enterré plusieurs fois, se trouve ressuscité par ce contexte tendu, sans toutefois qu’une solution de financement logique ne se dessine.

Alors que plane le spectre de l’hiver, on attend encore le dégel en Europe.

Facebook
Twitter
LinkedIn
Arianne Ruest

Arianne Ruest