La parité euro-dollar rebat les cartes

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Crise du Covid et chute des revenus touristiques, guerre en Ukraine, menaces sur les exportations de gaz naturel russe, flambée des prix de l’énergie, inflation galopante… L’Europe fait face à un risque élevé de récession. La BCE affiche sa confiance, en maintenant des taux très bas, tandis que la Fed, au contraire, fidèle à la doctrine du « flight-to-safety » relève les siens. Résultat : depuis quelques semaines, euro et dollar s’échangent à quasiment un pour un, alors que pendant plusieurs années, le taux oscillait plutôt autour des 1.2 ou 1.3 dollar pour un euro. 

Que se passerait-il si la BCE relevait ses taux ? Cela ralentirait probablement à court terme l’inflation, lourde charge pour le pouvoir d’achat des ménages, mais ce ne serait pas sans conséquence sur les économies fortement déficitaires de ses membres, dont la France, plombée par sa politique du « quoi qu’il en coûte ».

Cette parité n’est pour l’instant pas trop problématique pour les pays de la zone euro, qui ne sont dépendants des importations qu’en matière énergétique. Certains pays émergents ont beaucoup plus de difficultés, puisqu’ils dépendent de l’étranger en matière alimentaire, ce qui crée déjà des émeutes de la faim dans les pays les plus fragiles, comme au Sri Lanka, en Équateur, en Albanie, au Panama, ou en Lybie. 

Mécaniquement, les gagnants de la parité sont donc les entreprises européennes qui exportent dans les pays de la « zone dollar » (États-Unis, et pays à la monnaie trop faible, qui empruntent sur les marchés internationaux en USD), et les perdants, des entreprises américaines dont le principal marché se trouve en Europe. 

À l’échelle plus individuelle, la parité profite donc aux touristes américains, qui consomment des produits européens. Vanguelis Panayotis, président de MKG Consulting, le confirme : « il y a clairement un effet lié à la quasi-parité euro-dollar, qui stimule notamment la demande pour l’hôtellerie haut-de-gamme ». Le directeur général de Protourisme, Didier Arino, le confirme : « les Américains remplissent les hôtels de luxe en l’absence des Chinois et des Russes ».   

À leur exemple, les investisseurs sont plutôt encouragés à investir dans des valeurs européennes, en hausse, avant que la BCE ne remonte ses taux.

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Corinne Turgeon

Corinne Turgeon